
Christophe Stibio est né en 1963 à Bordeaux (France) d’une famille qui ne pousse pas particulièrement ses enfants, dès leur plus jeune âge, vers la peinture ou le dessin.
L’attirance pour le dessin que son frère et lui ont, ils le doivent pourtant peut-être bien à leur père qui, très doué de ses mains, a du abandonner la peinture pour son métier de carrossier.
Notre artiste me dit : « j’ai toujours dessiné ; au tout début, des avions se battant dans le ciel, un peu de bande dessinée puis des paysages, des paysages et encore des paysages, mais très peu de personnages individualisés ». « Et l’envie de peindre est venue bien après celle de dessiner ».
Adolescent, Stibio a l’envie d’étudier la peinture mais pas celle de peindre, il n’est pas prêt à peindre et trouve repoussants les exercices de peinture et de travail sur les couleurs que ses professeurs lui demandent.
En 1983, alors qu’il étudie à l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, l’envie de peindre s’impose. Néanmoins, à travers ses études d’Arts Plastiques, il reste passionné par la théorie, la psychanalyse de l’art et acquiert là une base de réflexion.
Mais en 1988, sa maîtrise d’Arts Plastiques achevée, il considère que ce qu’il a appris est insuffisant : il a vu trop de choses éparpillées (peinture, sculpture, gravure, photo, dessin…), « donc à moitié enseignées et par voie de conséquence à moitié reçues ».
Finalement l’enseignement dispensé ne correspond pas à sa nature, à son besoin de se confronter aux matériaux, de toucher, de passer du temps. L’artiste insiste et me dit : « on ne peut pas comprendre tant qu’on n’a pas passé du temps ».
En 1989, Stibio décide donc de partir en Chine. Il veut exclusivement travailler le pinceau et l’encre à l’Académie Nationale des Beaux-Arts de Chine car il a découvert les riches possibilités d’expression des nuances de gris.
L’artiste me dit : coupure« Après avoir beaucoup lu sur le sujet, il fallait absolument que j’expérimente le gris et je pense que ça m’a sauvé. J’étais fasciné : comment exprimer une unité dans le paysage en utilisant deux tonalités aussi opposées que le blanc et le noir ? rassemblées à travers une pratique, mises en confrontation, il s’est avéré qu’elles pouvaiet être à la fois en opposition et complémentaires ».
L’artiste ajoute : « Quand je peins un paysage, je ne peins pas seulement le paysage, j’y inscrit ma relation au monde et celle de l’Homme en général ». « Dans mon travail, je ne parle que de moi, de cette richesse de l’intimité, de l’inconnu. Personne ne peut entrer dans votre cœur, si ce n’est que vous le laissiez entrer. Et, en peinture, la dimension a beaucoup à faire avec cela : donner la possiblité au spectateur de passer d’un endroit à un autre, de reconnaitre un lieu, un environnement, un paysage et d’arriver à une destination. Voyager à travers telle ou telle peinture c’est reconnaitre que le paysage devient un acte de commémoration »
Stibio considère que c’est vraiment en Chine qu’il a tout appris, notamment en copiant les grands maîtres chinois du Xème au XVIème siècles, en travaillant la soie. Il acquiert ainsi une technique fabuleusement précise : au centre de la théorie du paysage chinois, il y a l’idée du trait, son aspect irréversible, sans repentir.
En 1993, avant de quitter la Chine pour l’Australie, il réalise ses premiers collés, placés au creux de sa peinture. Pour Stibio, quand l’émotion et l’esprit passent au dessus de la technique et que cette dernière n’est plus qu’une phase subordonnée de la peinture, alors l’artiste a le droit de se dire qu’il avance un peu.
En 1995, Stibio réalise en Australie de grands formats représentant des troncs d’Eucalyptus calcinés. Ce sont les premières toiles de Stibio qui comportent des couleurs.
L’artiste vient enfin d’intégrer que « les couleurs ne sont pas une forme dérogatoire de l’expression et qu’elles peuvent également être adaptées ».
Stibio se réconcilie avec la couleur : « un travail continu, permanent, très lent, m’a fait comprendre qu’on peut intégrer une partie de soi et la recoller à une autre partie de soi ».
L’autre grande préoccupation de l’artiste est la perception du Temps à travers son travail. Pour stibio qui dit Temps dit Histoire. Et à la question qu’il se pose : « comment réécrire l’Histoire en peignant ? » Stibio répond : « la mise en scène du Temps – élément incontournable afin de reconnaître une réalité qui est antérieure à soi, que l’on soit auteur ou spectateur de la peinture comme de la vie - dans mon travail, à travers l’installation et l’évolution d’une iconographie, me semble une des conditions infaillibles pour prendre acte de l’Histoire et ne pas en être le simple dépositaire ».
Formellement, Stibio ne se considère pas comme un artiste révolutionnaire : « le problème avec la tendance du XXème siècle c’est qu’elle a poussé les artistes d’après guerre à faire encore plus pour être plus individuel, plus original. Je ne me sens pas capable de faire ça ».
« Il s’agit de donner la possibilité aux spectateurs de voir, de revoir, de revenir sur ce qu’ils ont déjà vu plutot que d"immédiatement les inciter à percevoir la peinture comme étant un support nécessairement didactique» .
« J’ai envie que les choses changent. A travers l’idée, je travaille donc énormément sur la forme même si le contenu reste fondamentalement décisif ».
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Christophe Stibio was born in Bordeaux (France), 1963.
Both he and his brother Philippe are artists, influenced by their father who himself painted until the necessity for regular work led him into coach building.In 1983, he studied at the School of Fine Arts in Bordeaux but remained averse to its course structure steeped in traditional methods of developing ‘the artist’. Instead, it triggered a more reflective period where Stibio immersed himself in art and the esoteric - through subjects such as aesthetics and art history.
Following his studies in Bordeaux, Stibio went on to do a Masters degree in Fine Art at Bordeaux School of Fine Art resulting in a four year trip to China to study brush and ink techniques at the National Academy of Fine Art. Casting aside all colour, Stibio was fascinated by the unlimited nuances of grey obtained whilst copying the early Chinese masters. During his time in China, Stibio’s style emerged. Landscape took precedence.
“Painting a landscape is an act of commemoration” says Stibio. “It is instantly an historical document. It represents the passage of time as seen by one artist. I am constantly looking for a resolution between what I see, what appears on the canvas and the immediate changes that occur in what I see from one moment to the next. What’s more, the nature of Chinese brush stroke is quick and irreversible so the image captured is strictly influenced by technique – an added challenge for an artist trying to express timelessness.”
In 1993, Stibio headed for Australia, painting large works on rice paper adhered to canvas. Continuing his use of traditional methods, he ventured into new ground by gradually re incorporating colour whilst painting remote Australian landscapes.
Stibio’s subject matter has evolved but has always been overtly connected to a previous body of work. “I spend a long time elaborating on different forms even though the content remains fundamentally the same. That way, I feel I am eliminating the sense that there is only one possible interpretation, in much the same way as the oral tradition reinterprets a story with new eyes every time.”
L’attirance pour le dessin que son frère et lui ont, ils le doivent pourtant peut-être bien à leur père qui, très doué de ses mains, a du abandonner la peinture pour son métier de carrossier.
Notre artiste me dit : « j’ai toujours dessiné ; au tout début, des avions se battant dans le ciel, un peu de bande dessinée puis des paysages, des paysages et encore des paysages, mais très peu de personnages individualisés ». « Et l’envie de peindre est venue bien après celle de dessiner ».
Adolescent, Stibio a l’envie d’étudier la peinture mais pas celle de peindre, il n’est pas prêt à peindre et trouve repoussants les exercices de peinture et de travail sur les couleurs que ses professeurs lui demandent.
En 1983, alors qu’il étudie à l’école des Beaux-Arts de Bordeaux, l’envie de peindre s’impose. Néanmoins, à travers ses études d’Arts Plastiques, il reste passionné par la théorie, la psychanalyse de l’art et acquiert là une base de réflexion.
Mais en 1988, sa maîtrise d’Arts Plastiques achevée, il considère que ce qu’il a appris est insuffisant : il a vu trop de choses éparpillées (peinture, sculpture, gravure, photo, dessin…), « donc à moitié enseignées et par voie de conséquence à moitié reçues ».
Finalement l’enseignement dispensé ne correspond pas à sa nature, à son besoin de se confronter aux matériaux, de toucher, de passer du temps. L’artiste insiste et me dit : « on ne peut pas comprendre tant qu’on n’a pas passé du temps ».
En 1989, Stibio décide donc de partir en Chine. Il veut exclusivement travailler le pinceau et l’encre à l’Académie Nationale des Beaux-Arts de Chine car il a découvert les riches possibilités d’expression des nuances de gris.
L’artiste me dit : coupure« Après avoir beaucoup lu sur le sujet, il fallait absolument que j’expérimente le gris et je pense que ça m’a sauvé. J’étais fasciné : comment exprimer une unité dans le paysage en utilisant deux tonalités aussi opposées que le blanc et le noir ? rassemblées à travers une pratique, mises en confrontation, il s’est avéré qu’elles pouvaiet être à la fois en opposition et complémentaires ».
L’artiste ajoute : « Quand je peins un paysage, je ne peins pas seulement le paysage, j’y inscrit ma relation au monde et celle de l’Homme en général ». « Dans mon travail, je ne parle que de moi, de cette richesse de l’intimité, de l’inconnu. Personne ne peut entrer dans votre cœur, si ce n’est que vous le laissiez entrer. Et, en peinture, la dimension a beaucoup à faire avec cela : donner la possiblité au spectateur de passer d’un endroit à un autre, de reconnaitre un lieu, un environnement, un paysage et d’arriver à une destination. Voyager à travers telle ou telle peinture c’est reconnaitre que le paysage devient un acte de commémoration »
Stibio considère que c’est vraiment en Chine qu’il a tout appris, notamment en copiant les grands maîtres chinois du Xème au XVIème siècles, en travaillant la soie. Il acquiert ainsi une technique fabuleusement précise : au centre de la théorie du paysage chinois, il y a l’idée du trait, son aspect irréversible, sans repentir.
En 1993, avant de quitter la Chine pour l’Australie, il réalise ses premiers collés, placés au creux de sa peinture. Pour Stibio, quand l’émotion et l’esprit passent au dessus de la technique et que cette dernière n’est plus qu’une phase subordonnée de la peinture, alors l’artiste a le droit de se dire qu’il avance un peu.
En 1995, Stibio réalise en Australie de grands formats représentant des troncs d’Eucalyptus calcinés. Ce sont les premières toiles de Stibio qui comportent des couleurs.
L’artiste vient enfin d’intégrer que « les couleurs ne sont pas une forme dérogatoire de l’expression et qu’elles peuvent également être adaptées ».
Stibio se réconcilie avec la couleur : « un travail continu, permanent, très lent, m’a fait comprendre qu’on peut intégrer une partie de soi et la recoller à une autre partie de soi ».
L’autre grande préoccupation de l’artiste est la perception du Temps à travers son travail. Pour stibio qui dit Temps dit Histoire. Et à la question qu’il se pose : « comment réécrire l’Histoire en peignant ? » Stibio répond : « la mise en scène du Temps – élément incontournable afin de reconnaître une réalité qui est antérieure à soi, que l’on soit auteur ou spectateur de la peinture comme de la vie - dans mon travail, à travers l’installation et l’évolution d’une iconographie, me semble une des conditions infaillibles pour prendre acte de l’Histoire et ne pas en être le simple dépositaire ».
Formellement, Stibio ne se considère pas comme un artiste révolutionnaire : « le problème avec la tendance du XXème siècle c’est qu’elle a poussé les artistes d’après guerre à faire encore plus pour être plus individuel, plus original. Je ne me sens pas capable de faire ça ».
« Il s’agit de donner la possibilité aux spectateurs de voir, de revoir, de revenir sur ce qu’ils ont déjà vu plutot que d"immédiatement les inciter à percevoir la peinture comme étant un support nécessairement didactique» .
« J’ai envie que les choses changent. A travers l’idée, je travaille donc énormément sur la forme même si le contenu reste fondamentalement décisif ».
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Christophe Stibio was born in Bordeaux (France), 1963.
Both he and his brother Philippe are artists, influenced by their father who himself painted until the necessity for regular work led him into coach building.In 1983, he studied at the School of Fine Arts in Bordeaux but remained averse to its course structure steeped in traditional methods of developing ‘the artist’. Instead, it triggered a more reflective period where Stibio immersed himself in art and the esoteric - through subjects such as aesthetics and art history.
Following his studies in Bordeaux, Stibio went on to do a Masters degree in Fine Art at Bordeaux School of Fine Art resulting in a four year trip to China to study brush and ink techniques at the National Academy of Fine Art. Casting aside all colour, Stibio was fascinated by the unlimited nuances of grey obtained whilst copying the early Chinese masters. During his time in China, Stibio’s style emerged. Landscape took precedence.
“Painting a landscape is an act of commemoration” says Stibio. “It is instantly an historical document. It represents the passage of time as seen by one artist. I am constantly looking for a resolution between what I see, what appears on the canvas and the immediate changes that occur in what I see from one moment to the next. What’s more, the nature of Chinese brush stroke is quick and irreversible so the image captured is strictly influenced by technique – an added challenge for an artist trying to express timelessness.”
In 1993, Stibio headed for Australia, painting large works on rice paper adhered to canvas. Continuing his use of traditional methods, he ventured into new ground by gradually re incorporating colour whilst painting remote Australian landscapes.
Stibio’s subject matter has evolved but has always been overtly connected to a previous body of work. “I spend a long time elaborating on different forms even though the content remains fundamentally the same. That way, I feel I am eliminating the sense that there is only one possible interpretation, in much the same way as the oral tradition reinterprets a story with new eyes every time.”
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